Ils n’en parlent presque jamais. Pourtant, ce scénario sulfureux s’immisce dans l’intimité de millions de couples mariés, alimentant les pensées, les jeux de rôle intérieurs… mais rarement les actes. Un paradoxe étonnant qui soulève une question : pourquoi ce fantasme inavoué fascine-t-il autant, alors même qu’il reste le plus souvent dans le domaine de l’imaginaire ?
Un phénomène silencieux, mais massif
En 2025, les données recueillies par l’Ifop pour Wyylde révèlent une réalité saisissante : 56 % des couples mariés en France avouent avoir déjà fantasmé sur un plan à 3. Ce chiffre grimpe à 64 % chez les femmes de moins de 40 ans. Pourtant, seuls 18 % d’entre eux seraient passés à l’acte.
Pourquoi une telle dissonance entre fantasme et réalité ? Parce que ce désir, aussi intense soit-il, n’est pas toujours fait pour être vécu. Il sert d’abord à nourrir l’imaginaire conjugal.
Les ressorts cachés d’un fantasme très codé
Ce fantasme récurrent n’a rien à voir avec une infidélité déguisée ou une lassitude amoureuse. Bien au contraire. Il agit comme une soupape, un terrain de jeu cérébral, selon les spécialistes.
« Le fantasme permet d’explorer des territoires excitants sans mettre en danger la fidélité ou la stabilité affective », explique la sexologue Catherine Blanc. Pour elle, ce type de scénario mêle habilement l’interdit, la nouveauté et la sécurité émotionnelle.
Voici pourquoi ce fantasme fonctionne aussi bien :
- Il permet de briser la routine sans bouleverser la relation.
- Il stimule le désir par la seule force de l’imagination.
- Il intensifie la complicité, même s’il n’est jamais verbalement partagé.
L’imaginaire prend le pas sur le réel
Les résultats de l’enquête CSF de 2023 vont dans le même sens : les Français ont moins de rapports sexuels réguliers (43 % aujourd’hui contre 58 % en 2009), mais leur satisfaction globale reste étonnamment stable. En d’autres termes, le fantasme compense le manque de passage à l’acte.
Le trio, rêvé mais rarement vécu, devient ainsi un levier discret mais puissant dans la dynamique amoureuse. Il ouvre une brèche dans le quotidien, sans perturber l’équilibre conjugal.
En parler ou se taire ? La question qui divise
Faut-il oser avouer ce type de fantasme à son partenaire ? Ou le garder pour soi, comme un jardin secret ? Les sexologues sont partagés.
Selon l’enquête CSF, 70 % des Français ne parlent jamais de leurs fantasmes intimes à leur partenaire. Et pourtant, ceux qui franchissent le pas affirment souvent que le dialogue – et le désir – en ressortent renforcés.
