Et si, même dans l’intimité la plus privée, les inégalités persistaient ? Une nouvelle enquête met en lumière un écart troublant entre les hommes et les femmes. Pas dans la sphère professionnelle. Ni dans le foyer. Mais dans un domaine encore plus intime : le plaisir solitaire.
Derrière les portes closes, la réalité est sans appel. Les femmes se masturbent bien moins souvent que les hommes. Et ce n’est pas une question de libido ou de technologie. Ce fossé a un nom : le « Masturbation Gap ». Il révèle, en creux, la trace durable des tabous, du conditionnement social et de l’ignorance.
Une étude qui lève le voile
À l’occasion du Masturbation May, la marque Adam & Eve a publié son SexReport 2025, une enquête menée auprès des Français sur leurs pratiques intimes. Résultat ? 30 % des hommes déclarent se masturber plusieurs fois par semaine, contre seulement 9 % des femmes.
Un écart criant, malgré la banalisation croissante des sextoys — pourtant très prisés par les femmes. L’offre est là, les outils aussi… mais l’autorisations personnelle reste souvent absente.
Pourquoi ce fossé persiste-t-il ?
Le rapport va plus loin : 26 % des personnes interrogées ne se masturbent jamais, et un quart seulement s’y adonnent une fois par mois. Mais chez les femmes, la gêne reste un frein majeur. Là où les hommes revendiquent la masturbation comme un besoin naturel, les femmes la taisent, la minimisent, ou la relèguent à un moment volé.
Et pourtant, lorsqu’elles prennent le temps… le plaisir est bien là : 19 % des femmes affirment atteindre plus facilement l’orgasme en solo qu’en couple. La preuve que le potentiel est immense, à condition de se libérer du poids des injonctions.
Le poids d’une éducation incomplète
Cette inégalité ne naît pas à l’âge adulte. Elle s’installe dès l’adolescence. Dans les manuels scolaires, le clitoris n’a été représenté qu’à partir de 2017. Et encore timidement. Résultat : 42 % des femmes ne savent pas situer cet organe essentiel du plaisir, selon une étude de Womanizer.
À 13 ans, 84 % des filles sont incapables de dessiner une vulve, contre 53 % capables de représenter un pénis. Côté garçons, on parle d’éjaculation dès le collège. Les filles, elles, attendront souvent la majorité (ou une initiative personnelle) pour comprendre leur propre corps.
Ce que révèle vraiment le « Masturbation Gap »
L’écart de fréquence entre hommes et femmes n’est pas anodin. Il raconte l’héritage d’une société qui a longtemps nié la sexualité féminine. Il illustre aussi une éducation sexuelle lacunaire, où la masturbation est à peine évoquée, jamais expliquée, souvent ignorée.
Et malgré une démocratisation apparente du plaisir féminin dans les discours, le terrain reste inégal. Moins d’accès à l’information, plus de tabous, un sentiment de honte plus répandu… Autant d’obstacles à la liberté intime.
Le « Masturbation Gap », loin d’être une simple statistique, révèle un chantier profond, intime, urgent : celui de la réappropriation du corps et du désir féminin.
